- Titre: La Vraie vie
- Auteur: Adeline Dieudonné
- Date de publication: 2018
- Langue française
- Pages: 270
- Genre : Contemporaine, roman noir
- Maison d’édition: L’Iconoclaste
C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est un chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.
Ce livre est court. D’ailleurs il est construit pour se lire d’une traite. L’appeler roman « coup de poing » correspond parfaitement à ce qu’on vient chercher en ouvrant ses quelques deux-cents « petites » pages. J’aime bien ouvrir un livre en début d’après-midi et le terminer quelques heures plus tard. Cela participe à la bonne appréciation que je peux avoir de ce roman.
Il s’agit d’une histoire de famille, un huis-clos ou presque, comme je les aime. C’est un roman noir. Certains critiquent la surenchère dans la noirceur, je peux entendre cette critique mais pour moi ce ne peut pas être « trop » noir. Je regrette toutefois que les auteurs semblent de plus en plus cocher dans leur « to-do-list » spéciale « roman noir » les incontournables ingrédients permettant de sortir un parfait mélange des violences attendues dans ce genre. Je ne peux m’empêcher d’éprouver comme un sentiment de superficialité quand je repense à ma lecture.
La sensation oppressante de ce roman noir est renforcé par par le style simple et presque banal d’une narration à la hauteur d’une enfant. Forcément, je pourrais comme beaucoup critiquer cette narration qui parait bien trop complexe pour le cerveau d’un enfant. Bon, on sait très bien que ce n’est pas une enfant qui écrit. J’ai bien réussi à dépasser cette barrière du style.
Le livre tourne autour de la violence domestique mais pas seulement. C’est aussi l’histoire de l’apprentissage de la vie et de la résilience après un traumatisme. C’est à se demander si Adeline Dieudonné n’offre pas une belle page de publicité pour tous les pédopsy de France et de Navarre.
C’est une bonne lecture qui ne me laisse malheureusement pas un souvenir impérissable. Il manque un petit quelque chose pour en faire un grand roman du genre.